Martinique-Açores (Terceira)
Récit de Michel Ligonnet.
Salut les Amis,
Je crois qu’on vous doit
bien un petit résumé du convoyage de "Marylou" qui retourne à la maison après une
Transquadra menée de main de maîtres à une superbe 4ème place, par Daniel
Peponnet et Daniel Godart.
30-04-2015
On se retrouve Yves Thery,
Victor Maldonado et moi-même à l’aéroport pour le vol Paris – Martinique. Que de mois d’attente pour ce voyage, qui
pour nous tous est l’accomplissement d’un rêve de gosses… Bien que Victor l’ai
déjà fait dans l’autre sens lors de La Route du Chocolat.. Reliant ainsi la
France au Mexique.
1er Mai :
Réveil à la Martinique où
Yves nous avait réservé une chambre dans un endroit superbe. Balade, petit tour
au port du Marin pour y retrouver les Peponnet qui nous laissent la place à
bord de "Marylou".
Découverte du bateau, courses et dernier dîner de langouste les pieds dans l’eau avec Patricia, "femme djock" et collègue de travail de Yves qui nous amène à la découverte de ce coin de l’Île aux Fleurs! Zipzap-Ouabap, on y est !!!
Découverte du bateau, courses et dernier dîner de langouste les pieds dans l’eau avec Patricia, "femme djock" et collègue de travail de Yves qui nous amène à la découverte de ce coin de l’Île aux Fleurs! Zipzap-Ouabap, on y est !!!
2Mai
Dernières courses au super
du port et à 10h34 exactement, on largue les amarres. La baie du Marin est
superbe ! Il y a 15nds de vent et on contourne l’île par le sud-est. Dés
les premières encablures, nous rencontrons nos premières sargasses, notre
vitesse chute immédiatement de 7,2nds à 5,5nds…et nous apprenons rapidement qu’il
nous faudra faire régulièrement marche arrière pour nous en débarrasser.
Il faudra également suivre
de près notre conso électrique, car la vitesse est juste limite pour recharger
correctement nos batteries. Surtout avec ces sargasses qui se prennent partout
et de préférence dans l’hydro. Sur notre bâbord, La Martinique s’estompe petit
à petit vers l’horizon. Première nuit magique et organisation de nos tours de
veille qui se feront toutes les 3h entre 22h00 et 7h00.
3 Mai

4 Mai
Journée douche et lessive; toujours
au près. Le vent a un peu molli.
au près. Le vent a un peu molli.

5 Mai
La vie s’organise sur "Marylou"….nettoyage, rangements, Michel nous fait ses Tuna-Mayo-Wraps avec notre
Salsita qui devient le condiment indispensable de la majorité de nos repas
frais. Ciel bleu, rues de cumulus et 12nds de vent. C’est aussi le premier
passage au « Pot au Noir » pour tout l’équipage…qui essayait d’y
résister…en fait c’est pas si mal et la vue imprenable, tant que tu es au
vent !!
On est en mode course car
Daniel nous a envoyé la position d’un second Transquadra également sur le
chemin du retour.
6 Mai
Cela fait déjà 4 jours que
nous sommes au prés, tribord amure et le vent est à 22nds. Nous naviguons avec
1 ris GV droit au Nord et cela nous perturbe un peu…l’idée de faire route
directe s’estompe et nous faisons cap vers les Bermudes. Nos vivres de frais
commencent à diminuer; il reste 5 oignons, 1 banane, 12 citrons verts, 13
tomates, 4 paquets de pain, du jambon qui commence à sentir, des spags, 2
paquets de fromage et des conserves de thon. Du coup, on se lance pour expérimenter
les plats pré-cuisinés (appertisés) de Daniel : au menu du jour,
Choucroute et Chili con carne…pas mal..
L’après-midi, Victor me
donne un cours avancé de barre au prés…il en sait notre Skipper et j’apprends
un peu…
Le soir, Yves qui depuis
le départ semble avoir un appétit d’ogre, réclame des spaghettis bolognaises,
et c’est donc Bibi qui s’y met. Je ne vous
raconte pas l’expérience culinaire, au prés, avec 30º de gîte et les
vagues ! Mais qu’ils sont bons !
9 Mai
L’Océan est lisse comme un
miroir. Pas un souffle d’air et "Marylou" se balance doucement au grès de la
houle, voiles affalées et moteur coupé. Victor, qui a toujours une expérience à
nous proposer nous invite à un petit bain Atlantique. Seulement voilà on est
tous soudainement un peu frileux. Qui se jettera à l’eau par 4800m de fond?
L’expérience est intéressante, et passé les premiers instants et une étrange
sensation de vertige, (véridique), le bain est génial. Il faut aussi dire que
4.800m c’est presque le Mt Blanc, quand même marrant pour un Chamoniard !
10 Mai
Hier soir nous
étions encore au prés serré, rafales à 20nds et beaucoup de gîte. Après le taboulé,
je préparais une soupe au curry en versant l’eau bouillante dans mon bol, quand
une grosse vague me fit perdre l’équilibre précaire dans lequel je me trouvais.
Propulsé par une force invisible, je suis parti la tête la première, bien
accroché à mon bol, contre le panneau d’instruments ! Dans un reflexe
désespéré, je lâchais le bol d’une main pour ne pas m’exploser la tête sur le
panneau…. Quel sacrifice,…Jaaaaaag !!! cria le cuisinier, de la soupe bouillante plein les yeux, le
visage et les narines…whooooo !!! encore et encore. Les yeux fermés je cherchais
Yves qui me tendait un torchon et je me mettais sous le robinet pour essayer de
calmer la douleur. Je passais ainsi les heures suivantes à faire des AR entre
la bannette et le cockpit où l’air de la nuit rafraîchissait les brûlures qui
commençaient déjà à apparaître. Heureusement, dans mon malheur, "Marylou" est un
bateau de toubibs et la pharmacie préparée par les 2 Daniels valait celle de la
Salle Petrière.
…du coup, l’énorme tube de
biafine prit une bonne claque et se retrouva appliqué en grosses couches sur
mon visage qui en avait fort besoin.
Quand à Yves et Victor,
ils se retrouvaient de corvée de nettoyage du carré.
ORDONNANCE de Daniel
Godart :
To: ELAN350-MARYLOU<Elan350 @SkyFile.com>,
Subject: Re: Marylou le
11-05
Date: Mon, 11 May 2015
17:22:51 +0000
« Bonsoir à vous 3 . Je pensais que la Brûlure
de Michel était une plaisanterie de Victor et je n’ai pas du tout percuté .
Pour toute Brûlure le plus important est d’immédiatement la laisser longtemps
sous l’eau douce, j’espère que vous l’avez fait .
J’espère aussi que l’ Œil lui même n’a rien (Cornée
normale? Pas de Douleur? Vision Normale?)
Pour la Peau : Si simple rougeur : Biafine
Pour les Cloques : désinfecter avec Bétadine et
ensuite application de Fucidine Créme
Matin et Soir et laisser à l’air sans Pansement , ceci jusqu’à
Cicatrisation . Eviter surtout+++ le Contact avec Eau de Mer si Plaies non
Cicatrisées et se protéger++ du Soleil (Chapeau et Créme Solaire quand Plaies
cicatrisées)
Si Douleur : Uniquement Paracétamol , surtout pas
d’Antiinflammatoires(Ibuproféne)
Bétadine et Fucidine Créme dans Boite à Pharmacie .
Bien surveiller l’évolution , si doute sur une
surinfection plus importante (Rougeur , Douleur , Ecoulement purulent , Fiévre
) me prévenir de suite pour mise sous Antibiotiques par voie Générale . Tenez
moi surtout au courant .
Profitez bien de ces moments en Mer , même s’ils
sont par moment difficiles , ils resteront inoubliables .
Bon Vent , Belle mer et bon Courage . Amitiés à tous les 3 .
Pour tout Pb Médical évidemment contactez moi en
suivant .
Daniel »
Comme quoi….essayez toujours d’avoir un bon docteur
parmi vos amis !
RECOMMANDATIONS du père
Ligonnet:
Subject: cuisine
Date: Mon, 11 May 2015
15:34:46 +0200
To: Elan350 @SkyFile.com
« Faire la cuisine c’est un métier, la faire
sur un voilier au près par bonne brise, c’est un autre métier: il y a aussi
plusieurs manières d’apprendre et je vois que tu le fais par la face Nord mais
ce n’est pas forcément le meilleur moyen pour arriver plus vite au sommet. Dis
à tes équipiers de bien nettoyer les fonds du bateau, on ne sait jamais avec le
curry, c’est traître et comme dans tout mal il y a un bien, cela va calmer tes
admiratrices. Si vous avez du Rhum dans la cambuse, verse-en tous les matins un
petit peu dans l’Océan, tu feras plaisir à Neptune. Mais pas trop car il peut
avoir l’alcool mauvais. Par mauvais temps il vaut mieux manger froid. Bonjour
bonsoir bon vent et belle Mer.
La cellule de Soutien »
11 Mai
RELATIVITÉ : nous avançons doucement
vers les Acores. La météo ne nous aide pas du tout, et c'est avec philosophie
que nous continuons à aller vers le Nord et le froid, plutôt que de faire de
l'Est. En effet il faudrait arriver à nous situer entre un Anticyclone (a notre
sud) et une dépression (au nord), pour attraper le tapis roulant qui nous catapulterait
alors au portant vers l'Europe comme un TGV. Cette nuit nous naviguons au
moteur, car dans l'anticyclone avec Zéro vent. Une fois traversé, on devrait
être là où il faut... on y est presque.
En attendant, situés par
32°04'92N et 51°17'13W, nous sommes plus proches de St Pierre-et-Miquelon ou de
New York, que des Acores. Et plus éloignés de La Coruña que nous ne le sommes
de Belize, le Groenland, Cancun ou des côtes de Mauritanie ! Comme quoi tout
est relatif et dépend d'où l'on se situe.
Tout va bien et l'ambiance
est très bonne. Les vivres fraîches sont achevées donc on attaque le lyophilisé/appertisé....comme
les pros, ...berk!!!
15 Mai
Nous voilà de retour après
3 jours de black-out radio, mais ici tout va bien! Pas de nouvelles,...bonnes
nouvelles ! C'est la faute à "tel-sat" qui n’avait plus de crédit ;
du coup pas moyen d'envoyer notre situation ni recevoir les bulletins météos. Je
dois dire que j'ai bien aimé, car finalement quand tu décides de traverser, c'est
bien parce que au fond de toi tu veux te retrouver un peu, sans les
complications et attaches qui habituellement te contraignent … non? Finalement,
qu'est ce qu'on est bien sans tout ces trucs...
La bonne nouvelle, ces que
l'on fait maintenant du vrai EST, nous naviguons cap au 90° sous spi symétrique ou asymétrique, entre 6 et 7
nds ; c'est pas très rapide mais c'est régulier et agréable.

Les nuits sont d'un noir
d'encre et l'on ne voit plus apparaître la lune depuis quelques nuits... le
ciel est en permanence couvert; stratus, altocumulus...c'est un front chaud ou
l'occlusion? En tout cas le vent est faible et du SW. J'essaye de me rappeler
mes cours de météo mais ce n’est pas concluant...
La nuit dernière, fut un
peu spéciale: d'abord l'on aperçoit un groupe de 3 baleines nageant
paresseusement devant nous juste avant le couché du soleil...nous restons avec elles,
foc affalé 15 minutes à les voir s'immerger et ressortir pour souffler de temps
en temps,...superbe.
Il faut dire que cette
traversée est surprenante par l'irrégularité de la progression et le manque de
vent... ce qui nous à fait consommer pratiquement tout notre combustible pour
passer au travers des anticyclones rencontrés sur le chemin. Avant-hier soir,
encore encalminés, à 900NM des Acores et n'ayant plus que 15h de réserves de
combustible pour recharger les batteries ou avancer de 70-80NM.
Du coup, Victor a lancé un appel à un
cargo
qui croisait notre route et a la plus grande surprise de notre petit équipage, le
capitaine a accepté de se détourner pour nous faire le plein ! Il nous a passé
2 bidons de 25l au bout d'un filin. C'était complètement surréaliste de
nous trouver bord à bord et en pleine nuit ....pour faire le plein au milieu de
l'océan! Un grand merci à son capitaine et l'équipage du THORCO AVANTGARDE.Cette nuit le vent est
encore tombé...à 5nds, je crois que nous tarderons à atteindre les
Acores-Horta. ETA 20h à Horta.

16 Mai
Içi tout va bien, et enfin
nous avançons
cap au 93º, en route directe sur notre objectif, l’île de Horta à
450 NM devant nous. Nous avons 18nds de vent au 40º apparent et l’allure est
relativement commode, bien qu’il y ait beaucoup de gîte et les vagues de face.
Au moins on avance à + de 7nds et le bateau est bien sympa à barrer.
Aujourd’hui encore nous avons une anecdote et une chance incroyable ! Etant (heureusement) à la barre et Victor à mon côté, soudain nous voyons et entendons un jet d’eau sortir directement sous notre étrave et alors Victor c’est mis à crier « baleine, abats, abats !!). Juste le temps de pousser la barre à roue quand nous voyons LITTERALEMENT glisser le long de la coque une baleine 2 fois la taille de "Marylou"! Elle passe tellement près, qu’on la voit nous regarder de son gros œil !!!

Au moins on avance à + de 7nds et le bateau est bien sympa à barrer.
Aujourd’hui encore nous avons une anecdote et une chance incroyable ! Etant (heureusement) à la barre et Victor à mon côté, soudain nous voyons et entendons un jet d’eau sortir directement sous notre étrave et alors Victor c’est mis à crier « baleine, abats, abats !!). Juste le temps de pousser la barre à roue quand nous voyons LITTERALEMENT glisser le long de la coque une baleine 2 fois la taille de "Marylou"! Elle passe tellement près, qu’on la voit nous regarder de son gros œil !!!
Pas de choc,
heureusement. Pas satisfaite de nous avoir effrayé, elle décide alors de nous
suivre et voilà que nous passons 25 bonnes minutes avec notre amie nageant à 7
nds à côté ou derrière nous… ressortant toutes les 45’ à la surface, pour nous
montrer son ventre blanc ou replonger entre 2 eaux juste sous notre vent, quand
nous décidons de lui mettre de la musique. Et le tout entre 5 et 30m du bateau!
Quelle émotion et quelle majesté !
À moins d’un changement de
plan, c’est donc à Terceira que nous laisserons Marylou où Daniel viendra plus
tard le récupérer. Dommage, nous ne pourrons pas terminer la traversée, mais
avec 950NM restants pour atteindre Lisbonne ou La Coruña, Yves et Victor n’ont
plus le temps.